Bonjour M. Voyer,

Je vous prie de bien vouloir lire ce qui suit...

Je m’appelle Claude Nathalie Chevrier. Je suis préposée aux bénéficiaires depuis 2012 mais cheffe d’équipe depuis novembre 2024. En tant que cheffe d’équipe je fais beaucoup de coaching et je donne des formations, dont les vôtres, ceci dans 4 CHSLD et la MDA-MA de Valleyfield et je vois beaucoup mieux ce qui se passe sur le plancher. Ce qu’on nous dit à propos des ratios PAB/PH c’est que vous avez établit ces ratios il y a de ça plusieurs années et qu’ils sont restés inchangés depuis.  

Ce que je vois sur les planchers est d’une grande tristesse autant pour les PH que pour les employés. Le travail doit être fait à une vitesse démesurée à cause du stress de ne pas finir à temps ce qui donne des soins inappropriés. Dans ces cas, les PAB vivent de la détresse au travail et les PH vivent de la maltraitance.

On nous rappel souvent l’importance du milieu de vie et les dangers de maltraitance envers les PH mais on ne nous donne pas les moyens de soigner convenablement.  

J’aimerais vous donner une petite description de ce que je vois beaucoup sur les planchers.  

Je vois beaucoup de cas de PH qui sont ciblés a deux PAB pour des soins sécuritaires mais dont les transferts se font à 1 seul préposé, faute de temps.  

Je vois des PAB qui vont vite pour laver les personnes ce qui rend l’expérience désagréable pour les PH et les PAB. Ces premiers ne savent pas pour la plupart, ce qui se passe.  

Je vois des PAB en détresse, en larme, qui n’en peuvent plus parce que la charge de travail est rendue trop lourde. Bien sûr il y a les petits bonheurs que l’on offre puis les APTD mais si, pour les soins, on accepte qu’ils soient négligés faute de staff sur les planchers, je comprends que l’on ne se soucie pas vraiment des PH.

Je vois des déplacements de personnes fait a ‘’ bras ‘’ parce que c’est plus rapide que d’utiliser un bon PDSP.

Je vois beaucoup de gens qui quittent le bateau car elles n’en peuvent plus de donner des soins médiocres. Elles ont pour la plupart le cœur brisé de devoir bâcler leurs soins pour s’assurer que tous ont au moins été changés de culotte. Parce qu’on s’entend que souvent c’est tout ce qu’on a le temps de faire, s’assurer que la culotte est changée au moins....

Nos personnes en TNCM en souffrent encore plus parce que malgré toutes les formations et bonnes volontés du monde, les PAB n’ont pas le temps d’attendre les 5 à 10 secondes après une consigne que la personne enregistre et assimile la question donc tout est fait pour eux, c’est plus rapide. On n'a pas de temps pour bien comprendre et se faire comprendre.

Tout ça est très triste, très grave à mon avis car moi, comme la majorité des PAB que je côtoie, je fais ce métier par amour pour les personnes hébergées et savoir que je pourrais en faire plus pour eux mais ne pas en avoir le pouvoir, est très difficile. Ça décourage même les plus fortes d’entre nous.

Je vous demande s’il vous plait de bien revoir les ratios PAB/PH a la hausse pour le bien-être de tous. Sinon me diriger vers la personne qui peut aider. Depuis que les personnes sont gardées plus longtemps à la maison à l’aide des soins à domicile, les cas qui sont admis en CHSLD sont beaucoup plus lourds et hypothéqués qu’à l’époque.  

Nous sommes des êtres humains qui aident des êtres humains vulnérables.

Merci de bien considérer ce cri du cœur...

Claude Nathalie Chevrier