Bonjour!
Suite à plusieurs lectures, certains éléments ne sont pas clairs pour moi quant à la façon d'établir la température corporelle de base d'une personne âgée. Suite à mes lectures, j'en comprenais que le seuil pour l'état fébrile serait de 37,8°C (par voie orale ou rectale) OU une élévation de 1,1°C par rapport à la température corporelle de base. Par conséquent, selon ce que j'en comprends, l'un ou l'autre des critères, une fois atteint, devrait nécessiter une évaluation plus approfondie et être considéré comme un état fébrile.
La plupart des exemples que je vois sont très standard, avec des températures basales assez basse (comme cela est documenté pour la personne âgée de façon générale) où il n'y a pas à se poser de questions. Je n'ai rien vu cependant sur des prises de température qui seraient toujours élevée à une certaine heure ni sur les "données aberrantes" qui pourraient survenir pendant la prise des 12 mesures. Depuis les dernières années, j'ai souvent vu des résidents faisant des "pics fébriles" chaque matin ou chaque soir, par exemple, à 37,9 ou 38,0 sans aucun autre symptôme. Souvent des personnes avec des problèmes de santé connu (cancer, maladies inflammatoires, etc).
J'ai l'exemple, entre autre, d'une résidente chez qui la température basale était de 36,6R (état fébrile 37,7°C) en soirée, mais s'élevait à 37,2 en après-midi (état fébrile 38,3°C) ce que je trouve assez élevé.
Dans une réponse que vous avez donné pour une autre questions, vous aviez aussi formulé votre réponse de la façon suivante:
Une élévation de la température corporelle de 1,1 °C par rapport à la température corporelle de base ou Une température (buccale ou rectale) de 37,8 °C ou plus dans le cas où il n’y a aucune température moyenne calculée au dossier.
Est-ce dire que si une température basale est prise à 37,2°C au dossier (état fébrile 38,3°C) on ne se fit plus au critère de 37,8°C? Ou, comme je l'avais compris au départ, il s'agit d'atteindre l'un OU l'autre des critères?
Quant aux données aberrantes, avez-vous une suggestion de donnée à ne pas considérer dans le calcul de température moyenne? Une donnée qui serait, par exemple > ou < 0,5°C par rapport aux autres données? Ex: une personne aurait 3 mesures à 36,2 rectale et une mesure à 36,8°C, considérerait on la mesure de 36,8 dans le calcul?
Bonjour madame Breton,
Je vous remercie beaucoup pour votre question.
Je dirais d'emblée que la température corporelle, comme tout autre signe vital, reste une donnée informative sur l'état du patient ou du résident. La conduite à suivre après la mesure d'un signe vital doit passer par le filtre du jugement clinique. Comme vous le mentionnez, il est logique que la mesure la plus personnalisée (élévation de 1.1) ait préséance sur une mesure standardisée (37.8). Toutefois, aucune des deux ne surpasse le jugement clinique du personnel infirmier.
Ainsi, comme vous le soulignez, si des conditions oncologiques ou inflammatoires expliquent une mesure anormalement élevée mais connue, la conduite à suivre sera déterminée par le personnel infirmier selon son jugement clinique. Je suis toujours contre l'obligation de suivre une conduite spécifique basée sur un seul paramètre, alors que le personnel soignant a la capacité de mesurer plusieurs paramètres, de compléter des examens cliniques, et d'avoir un jugement adéquat de la situation. C'est surtout cela qu'il faut valoriser.
En somme, je ne sais pas si ma réponse est claire, mais je dirais ceci : la meilleure manière de mesurer la température corporelle chez les personnes âgées est celle qui permet de reconnaître un changement en tenant compte du biorythme de la personne. Ensuite, il est essentiel d'avoir un seuil de fièvre gériatrique adapté à la réalité physiologique de cette population. Mais pour terminer, ni l'une ni l'autre de ces méthodes de mesure n'est supérieure au jugement clinique infirmier, qui tient compte d'un ensemble de variables.
J'espère avoir réussi à bien répondre à votre question et je vous remercie de l'avoir posée.
Philippe